Histoire des Juifs en France sous le Consulat et le Premier Empire

Napoléon le grand rétablit le culte des Israélites le .
Gravure de Louis François Couché.
Détail de la proclamation de Bonaparte aux Juifs « pour rétablir l'ancienne Jérusalem » dans Le Moniteur universel.

Les Juifs et le judaïsme sous le Consulat et le Premier Empire sont l'objet d'une activité législative et d'une politique religieuse spécifique, du fait notamment de l'apparition du principe de cultes reconnus et de régime concordataire. L'époque du Consulat et de l'Empire est ainsi un tournant dans l'histoire des Juifs en France et en Europe : à la suite des lois révolutionnaires portant sur la liberté de culte et de conscience en France, les populations juives de France disposent pour la première fois d'une situation juridique et politique reconnue par l’État central, et non plus uniquement dépendant de dispositions locales dans les communautés du royaume. Sous l'Empire, les populations juives furent ainsi l'objet tout d'abord d'une reconnaissance au sein des religions reconnues et donnant droit à des droits civiques ordinaires. Mais les fluctuations dont ce statut fut l'objet au cours de la période du Premier Empire témoignent de la fragilité de cette situation et des rapports complexes entre la personnalité de l'empereur et les populations juives.

En organisant le judaïsme français sur un modèle centralisé et hiérarchisé, le consistoire, Napoléon Ier l'avait tout d'abord intégré dans le régime des « cultes reconnus ». Mais alors que la Révolution française et le Code civil garantissent l'égalité juridique de tous les citoyens, Napoléon impose cependant aux Juifs en 1808 des décrets discriminants, dont celui du , qualifié de « décret infâme », réglementant l'usure, interdisant l'entrée en France des Juifs étrangers et interdisant aux Juifs français le remplacement lorsqu'ils tiraient un mauvais numéro à la conscription[1]. L'héritage napoléonien en la matière divise : d'aucuns ont salué la volonté de reconnaître et de structurer le judaïsme français à l'égal des autres cultes, et d'avoir imposé ces progrès en Europe dans les territoires annexés à la France sous l'Empire, notamment dans l'espace germanique et italien. D'autres, au contraire, y perçoivent une prise de contrôle par l'État et une « assimilation par contrainte »[2].

  1. Jean Tulard, Dictionnaire amoureux de Napoléon, Plon, 2012, p.75.
  2. Yves Bruley, L'Aigle et la Synagogue. Napoléon, les Juifs et l'État in Historia, n° 726, juin 2007.

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